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Vibrante Varanasi

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Depuis l'année dernière je rêvais de revenir ici à Varanasi (anciennement connu sous le nom de Benares et encore avant Kashi). C'est à Varanasi que la vie est la plus vibrante et pourtant c'est une ville où la mort est continuellement présente puisque c'est ici que les vieux choisissent de venir pour mourir, dans la ville sainte de Shiva, sur les bords de la Mère Ganga. C’est ici qu’on peut espérer de couper court à l’enfer du cycle de réincarnation et libérer son âme et atteindre le Moksha, l’équivalence hindou de Nirvana. Les crémations continuent jour et nuit sur les « Burning Ghats », et à tout moment on peut aller assister aux rituels car rien n'est caché en Inde.

L'année dernière, lors de ma première visite, le mousson n'était pas encore arrivé et je pouvais me balader le long des Ghats (des très longues et larges marches qui relient la ville avec la fleuve) et on pouvait louer un bateau à rames pour assister – emerveillée – aux ablutions, crémations, baignades, rituels hindous…

Cette année c'est rien à voir. Les Ghats n’y sont plus puisqu’ils sont entièrement noyés sous la Ganga, les bateaux sont interdites de sortie car le courant est très puissant et dangereux . Les seuls bateaux qu’on puisse apercevoir sont les bateaux remplis de bois pour les crémations. Du coup on passe beaucoup plus de temps à flâner de l'autre côté de Varanasi…dans les labyrinthes des minuscules ruelles, bordés d'echoppes de bouffe et petites « boutiques » proposant des soies, pashminas, sarouels, saris, bijoux, henné, feuilles de bétel avec le paan, « beedies », bonbons…. Les woks bouillanant de preparations savoureuses côtoient les urinals ouverts pour les hommes. Les narines doivent s'habituer en un rien de temps à des odeurs très forts et inhabituels. La vue aussi. À première vue dans une ruelle on pourrait croire que tout Varanasi y vomissent leurs tripes, mais ce n'est pas de tout ça. C’est des offrandes aux vaches – qui tiennent une immense place littéralement et figurativement en Inde et plus particulièrement à Varanasi – quand on regarde de plus près on reconnaît les restes de dals, sauces, masalas, chapattis, chaï, bouteilles et sacs en plastique et Shiva sait quoi encore.

On adore ou on déteste Varanasi. Je n'ai pas besoin de vous dire de quel côté je me range, et je voulais partager mon enthousiasme avec Louis. La saleté, la pauvreté, les lépreux, les arnaques, oui, tout cela est très présent, mais il faut passer au delà de ces premières impressions, il y a aussi autre chose. Une spiritualité très profonde, les chants constants et envoutants des écoles védiques, les pujas (prières) des brahmanes, le son des sitars et tablas….et l'immense générosité des gens. Comment ne pas être envoûté? Comment ne pas revenir?

Malheureusement Louis n'a pas pu ni voir les Ghats ni se promener dessus, donc c'est vrai que quelque chose était manquant, mais il a appris à slalomer entre les bouses de vaches – et c'est rassurant de voir que parfois, comme nous, les vaches souffrent aussi du Delhi-belly – à discuter avec les vendeurs, s'assoir sur un petit tabouret et accepter un chai d'un passant…

Scène très typique

Normalement on devait rester 3 jours ici et ensuite aller à Khajaraho comme presque tout le monde. J'ai annulé nos trains pour Khajaraho et on a décidé de se poser une semaine sur place dans ce paradis/enfer. On a bien fait. J'ai vécu des moments que je n'oublierai jamais, on a rencontré des personnes exceptionnels. On a marché dans les ruelles en long et en large tous les jours, et quand on est parti avec nos sacs sur le dos, les habitant nous ont salués des grands Namaste avec leurs cœurs. On a fait deux heures de yoga chaque matin avec un prof formidable, on est allée aux burning ghats, mais surtout, surtout on a rencontrer des belles personnes.

Varanasi je t'aime. Je vous raconterais dans le prochain post des petits moments de bonheur. Namaste, Om Shanti.

 

J'aime les vélos, n'aimes les ruelles

 

Fabriquant le curd le yaourt

 

 

 

 

Le Clog Indien

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Namaste 🙂

Le clog indien…on dirait une affliction mortelle ou presque comme le fog londonien ou le smog parisien…mais non, c’est beaucoup plus frivole que ça, ce n’est que la clôture du blog de ce voyage. Jusqu’au prochain qui a déjà pris naissance dans ma tête…

C’est la première fois que ça m’arrive mais je ne sais pas comment démarrer ce blog. Je sais ce que je veux dire mais je ne sais pas par quoi commencer…ni comment. En gros je voudrais raconter les choses qui m’ont marquées ici en Inde, des choses dont je n’y attendais pas, et les choses dont j’attendais…et qui n’y etaient pas! Ça s’appel des surprises. Du coup ça risque de faire un peu « liste ».

On dirait que je ne suis jamais sortie de l’Europe, il n’y a rien de plus faux, c’est juste voyager ailleurs et « autrement », de façon plus « slow », du backpacking, avec (souvent beaucoup) moins de confort et plus d’imprévus qui est relativement nouveau pour moi, ça ne date que de ces derniers années. Malgré les difficultés, les incertitudes, la fatigue et la manque de confort, voyager comme ça, simplement, me plaît énormément. C’est un choix de vacances…pourtant je suis loin d’être fauchée (pour l’instant) et je suis assez dépensière quand ça me prend, mais ces parenthèses « roots » me font du bien, me font évoluer. Je me rends compte que vu de l’extérieur ça peut sembler assez maso pour certains, mais ce ne l’est pas, c’est changer de mode et de style vie de celle que j’ai chez moi qui m’attire, voir le monde autrement peut être pour mieux apprécier – ou déprécier – mon petit monde et ma propre mode de vie. Les trains et les bus locaux ne sont pas forcement d’un grand confort (les trois premières clesses en train sont parfaitement acceptables) mais ils ont une charme indéniable qu’on ne trouve pas dans une voiture avec clim’, mais c’est également vrai que la voiture a l’avantage de pouvoir s’arrêter où on veut, de faire des détours dans des villages, pour voir des choses qu’on ne verrait jamais avec le train ou le bus. En ce qui concerne l’avion, le moins possible…le notion de « voyage » est perdu, et c’est de nouveau dans le  » va vite ».

C’est aussi le premier long voyage – un peu plus de deux mois – que j’ai fait seule, non-accompagnée et ça aussi était une très belle expérience avec des hauts et des bas, des avantages comme des inconvénients. Parfois je m’observais très heureuse, vraiment très heureuse de vivre ces moments seules, mais il y a eu aussi des instants que j’aurais préférée partager avec mon homme, ma fille, un de mes fils, une copine…mais la manque, tout comme l’ennui et la solitude est souvent une bonne chose, à condition que ça ne dure pas trop longtemps.

Une de mes plus grandes chances dans la vie est de la partager depuis plus de 20 ans avec un homme qui n’a pas peur…et comme il n’a pas peur, il ne se perd pas dans les traditions sociales embetisantes. Il me « laisse » partir parce qu’il sait que c’est bon pour moi. C’est une grande preuve d’intelligence et de l’amour (et de générosité bien sure) et je ne peux admirer et espérer que je saurais faire pareil avec autant de sincérité. Mes enfants aussi m’encouragent à être moi-même et je les remercie de n’avoir jamais porté de jugement sur les choix que j’ai fait dans ma vie…et pourtant ça ne devait pas toujours été facile pour eux.

Ces voyages sont aussi, peut-être surtout, des voyages « intérieurs » qui, petit a petit, modifient ma structure, mes croyances et mes pensées. Les enseignements de Jiddu Krishnamurti – un des plus grands philosophes et penseurs non-conventionels et de l’inde (donc du monde) – et S.N Goenka (voir le blog sur Vipassana) sont universelles et absents de tout discours religieux et sont mes grands inspirations. Les écrits de leurs enseignements m’accompagnent lors de mes voyages lointains et intérieurs et m’apprenent à réfléchir autrement et à quitter la route pour découvrir des chemins plus en harmonie avec la nature et l’homme.

Allez, ça suffit! Parlons de mes surprises indiennes, grandes et petites, bonnes et mauvaises. Il y en a beaucoup et il y en a surement des magnifiques que je vais oublier et je vais m’en vouloir d’ici deux jours…! Voici celles qui me viennent à l’esprit toute de suite. Dans le désordre…

  • Des cafards. Ben, good news…il n’y en a pas!!! J’ai vu UN SEUL CAFARD EN NEUF SEMAINES et c’était dans un bateau. C’est assez connue dans mon entourage proche, je ne gère pas bien les cafards et dans les pays tropicaux je redoute leur apparition le soir quand tout le monde est couché et en pleine nuit quand on doit se lever pour aller faire pipi. Je n’ai pas vu des rats non plus. Pas de cafards, pas de rats, et pourtant je n’ai pas toujours été dans les quartiers les plus salubres, ça on sait. PS: je rajoute une petite post-scriptum car le seul cafard d’Inde est venue me saluer, me dire au revoir dans ma salle de bain à 1h ce matin…le timing m’a fait sourire…

  • L’Inde n’est pas si sale que ça, en tout cas c’est beaucoup moins sale que j’avais imaginé, mais ça c’est peut être parce que mes critères de « sale » ont été déformées par dix ans en Afrique de l’ouest et treize ans à Paris. Certes, Varanasi est cra-cra mais ça cest à cause du trop grand nombre de vaches. Les chambres de guesthouse et hotels que j’ai pu visité ont toujours été propres, parfois les draps et serviette de bain sont un peu gris mais je n’ai jamais refusé une chambre à cause de la manque de propreté.

  • La securité. Avant de venir ici, une question récurrente qu’on me demandait c’était de savoir si je n’avais pas peur. Peur…encore ce poison abstrait qui nous empêche de vivre, qui nous paralyse, qui nous rend bête…et qui font que certains perdent leur raison et intelligence lors des élections présidentiels. Non, je n’avais pas vraiment peur avant de venir, parfois des angoisses, mais pas peur. Et j’avais raison car je me suis toujours sentie en totale sécurité partout où j’allais quelque soit l’heure du jour (je ne suis jamais été dehors tard le soir). Je n’ai jamais eu le sentiment qu’on souhaitait me dérober de quoi que ça soit non plus. Les gens sont curieux du iPad si je l’utilise en public, parfois viennent le voir et posent des questions, je les invite à l’essayer, le « swiper », ils sont ravis (moi aussi).

  • Les indiens sont naturellement et incroyablement curieux, vraiment. Ils veulent TOUS savoir de quel pays on vient. Ça peut être lassant si on n’est pas en forme ou on n’a tout simplement pas envie de de parler ce jour là, mais c’est toujours fait avec un bon esprit. N’ayant pas une réponse simple à cette question pourtant simple, je disais « partout dans le monde » ou « beaucoup d’endroits dans le monde ». Je voyais bien que cette réponse ne rentrait pas toujours dans la case prévue et ils avait l’air perplexe, et parfois ils poussaient plus loin leur curiosité et souvent ça se terminait par des discussions très intéressantes. Les indiens aiment discuter, ils sont toujours prêts à discuter -même ceux qui ne parlent pas anglais! – et ça nous permet d’apprendre plein de choses.

  • Le regard envoûtant. Il faut s’y attendre à être regardé, mais vraiment « Regardé » avec un grand R. Le mot en anglais c’est « stare » et chez nous ca ne se fait pas mais chez eux si! C’est comme ça. Pourtant je n’ai jamais sentie que c’était des regards malsains mais plutôt juste de la curiosité. On peut comparer cela a notre (en tout cas le mien) regard envers eux, curieux, bienveillant.

  • Les photos. Ils aiment les photos…ils aiment être pris en photos (les jeunes hommes en demandent souvent) et être pris en photo à côté de nous et ils aiment en prendre. Comme nous, mais differement. Partout et dans tous les circonstances…ça m’est arrivé même en méditant sur la plage…j’ai sentie une présence à côté de moi et quand j’ai ouvert mes yeux il y avait une femme debout à côté de moi qui se faisait photographié par son mari!

  • Chez les indiens le sourire n’est jamais très loin (ça va me changer demain à Roissy) avec une bonne humeur particulièrement prononcée dans le Kerala.

  • La Tolérance! Comme dans d’autres pays asiatiques que j’ai pu visitée, les indiens ne crient pas, les voix ne se lèvent pas. Ils ne s’insultent pas sur les routes…et pourtant il y a de quoi…ils se parlent toujours avec respect. Il ne faut pas oublier qu’ils sont très nombreux, avec des regions, états, langues et religions variés, ça saute aux yeux qu’il il y a une surpopulation, la pauvreté touche la plupart de la population…mais ils font preuve d’une immense tolérance dont nous pouvons que tirer des leçons. Je pense que c’est la chose qui m’impressionne le plus. Quand, comment et pourquoi avons nous perdus ça…si on l’a eu?

  • Les indiens sont très généreux de cœur. J’ai pu témoigner de cela lors des repas…ce n’est pas dans leurs habitudes de manger hors de la maison ou restaurant, mais quand ils ne peuvent pas faire autrement ils proposent systématiquement de partager leur repas avec vous.

  • Les gens aiment rendre service et sont toujours prêts à vous aider (mon dieu ô mon dieu, comme le retour en France va être costaud…)

  • Les enfants ne pleurent pas, en tous cas on ne leur donnent pas la possibilité. Je n’exagère rien, Ici vous n’entendrez pas un enfant pleurer.

  • L’élégance indien. Les dhoti (des sarongs pliés en deux) et les chemises d’hommes sont toujours propres et bien repassés, et les femmes sont toujours très élégantes , souvent magnifiques dans leurs saris même celles qui viennent des populations parmi les plus pauvres. Les femmes sont toujours très bien coiffées, avec les cheveux souvent décorés avec une tresse de fleurs, surtout pour aller au temple.

  • La proportion homme/femme est flagrant, en faveur des hommes…et inquiétant

  • Les toilettes publics sont certes « à l’indienne » mais sont quasiment toujours propres (loin d’être le cas « chez nous ») même si les odeurs laissent désirer. J’attendais pire puissance 10.

  • Les indiens ont le business dans la peau. Il faut s’y attendre de se faire raquetter partout surtout quand on ne connaît pas les prix au début. Et même quand on connaît les prix, à défaut d’être un(e) connoisseur, c’est très difficile à savoir la qualité (soie, cachemire, pashmina etc) de ce qu’on propose. On dit souvent « never trust an indian »…en affaires, ce n’est pas faux! Donc oui, on se fait avoir en beauté…mais il faut relativiser, car se faire avoir en roupies n’est jamais douloureux. Évidemment il faut être prêt à jouer au jeu et discuter les prix…surtout avec les rickshaw (tuk-tuk) et taxis qui profitent à fond et ne sont pas tendres…

  • Il y a une différence flagrant entre les états et surtout entre le nord et le sud. C’est comme si on change de pays…le sud est plus doux, plus vert, plus joyeux, plus propre. Le nord (ce que je connais pour l’instant ce qui est peu) me semble plus dure, plus pauvre, plus spirituel, plus envoûtant.

  • En Inde il faut attendre à remplir des papiers partout où on va…pour une nuit dans un guesthouse à une réservation pour un train. Ça aide si on mémorise les détails du passeport et visa. Si on veut une carte SIM en Inde c’est les papiers multipliées par trois plus des 2 photos d’identité. Le pire c’est que ce n’est même pas sûre que la carte marche longtemps. Après trois carte SIM bloquées j’ai terminée par abandonner (et pourtant c’est pratique pour les hôtels).

J’ai eu des moments de grands frustration, surtout à cause de la bureaucratie mais je vis des moments de frustration aussi grands en France.

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Voilà! Je suis de retour en France depuis 24h…très heureux de retrouver ma famille et bientôt mes amis. Ma tête est remplie de très beaux souvenirs…mais, comment ne pas avoir envie de repartir? J’ai l’impression d’avoir levé un coin d’un premier page…

En attendant, j’ai découvert le plaisir de blogger, en tous cas ça me plaît beaucoup donc je vais continuer à blogger sur d’autres thèmes!

Je vous remercie encore pour vos nombreux messages, tellement sympas et encourageants, j’étais très touchée par cette générosité de prendre le temps de m’écrire. Merci…et à bientôt!

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